[Donatien Alphonse François de SADE]. La Philosophie dans le boudoir.Ouvrage posthume de l’auteur de Justine.La mère en prescrira la lecture à sa fille. À Londres [Paris], Aux dépens de la Compagnie, 1795, 2 tomes petit in-12 en un volume, pleine peau terre de Sienne, large dentelle aux petits fers autour des plats sertie d’une roulette et de filets droitset pointillés, un minuscule fer « au papillon à l’antique » est répété quatre fois sur chaque plat, dos à nerfs finement orné d’un fer doré au vase et au couple d’oiseaux affrontés plusieurs fois répété, roulette intérieure dorée, tranches dorées sur marbrure (Lortic Frères).Édition originale de ce recueil de sept dialogues philosophiques « d’une liberté totale de langage et dont les répliques forment souvent devéritables dissertations où la métaphysique, la morale et l’histoire s’entrelacent à la sexologie » (Gilbert Lély). Elle fut publiée sous le couvert de l’anonymat et le titre précise de surcroit que son auteur est mort. Bel exemplaire, très bien conservé. Les épreuves des gravures sont d’un très beau tirage.Collation : au catalogue (pour ne pas alourdir la fiche ici)À signaler : les feuillets blancs [*]1 du tome I et S6 du tome II manquent ; selon toute vraisemblance, le corps de l’ouvrage a, comme souvent alors, été lavé au moment de la reliure. Le mors supérieur est légèrement épidermé.Un frontispice allégorique avec légende et 4 figures libres hors-texte, l’ensemble gravé sur cuivre et non signé.Ce cycle iconographique suggestif est généralement attribué au peintre, graveur et miniaturiste Claude Bornet (1733-1804).Une certaine idée de la liberté enseignée par des « instituteurs immoraux ».Sorti des geôles de l’Ancien Régime dans lesquelles il a passé douze ans à lire et à écrire, Donatien Alphonse François de Sade (1740-1814) peut enfin donner la somme de sa pensée. Après Justine (1791) et Aline et Valcour (1795), avec La Philosophie dans le boudoir, il aborde le sujet de l’éducation. Proche du genre théâtral, alternance de dissertations philosophiques et de mises en pratique, l’enseignement est radical. Sade reprend à son compte le goût des Lumières pour les dialogues philosophiques, mais ici, le cynisme et l’immoralité font de sa pédagogie, une pédagogie à rebours. Le cinquième dialogue comporte une longue adresse aux Français. Véritable pamphlet révolutionnaire, Sade y somme ses concitoyens de libérer les passions et les exhorte à faire « encore un effort [pour] être Républicains ! ». Il y proteste aussi vigoureusement contre la peine de mort. Exceptionnelle et curieuse reliure des frères Lortic.Au premier contreplat de la reliure, frappée sur une pièce de peau identique à celle qui revêt le livre, on lit en effet la mention suivante : Volume couvert en peau humaine.La reliure en peau humaine, une bibliophilie insolite et insolente.« Des reliures en peau humaine ! Voyons, est-ce possible ?... Quelle horreur ! » Ainsi, en 1926, Ernest de Crauzat commence-t-il son article du Plaisir de bibliophile consacré à la bibliopégie anthropodermique, puisque tel est le nom de cette spécialité qui consiste à faire usage de tissus humains pour couvrir un livre.Le décompte actuel des ouvrages de cette spécialité n’excède guère la centaine et ceux antérieurs au xixe siècle sont excessivement rares.Considéré comme l’âge d’or de cette spécialité insolite, le xixe siècle offre de fait le plus grand nombre de cas. La bibliophilie connaît alors, si l’on peut dire, un mouvement de démocratisation, et quelques collectionneurs cherchent le moyen de se singulariser en adoptant des pratiques atypiques. L’usage de la peau humaine est l’un de ses moyens. Dans leur quête d’originalité, parfois légitimée à leurs yeux par des considérations professionnelles — plusieurs exercent la médecine –, certains bibliophiles vont ainsi permettre à cette spécialité, jusque-là tout à fait exceptionnelle, de se développer au point de devenir ici ou là visible du grand public. Mais la pratique que l’on sait transgressive se vit principalement dans le silence et la discrétion privés, dans l’espace clos et dissimulé de ce temple qu’est la bibliothèque du bibliophile. Il faut bien cependant parler d’une mode, puisque cette spécialité est présente au même moment en Angleterre, en France, aux Etats-Unis. Un collectionneur s’y adonne, puis un autre.Quant à notre exemplaire de La Philosophie dans le boudoir, avant de prendre corps devant nous, deux sources attestaient jusqu’à présent son existence. La première mention vient sous la plume du Dr Eugène Duehren, pseudonyme d’Iwan Bloch (1872-1922), dermatologue, vénérologue et psychiatre allemand, membre fondateur de la Société allemande de psychanalyse, considéré comme l’un des inventeurs de la sexologie, également spécialiste de Restif de La Bretonne et surtout de Sade, dont il retrouva le manuscrit des Cent vingt journées de Sodome, qu’il publia en 1904. Dans son Sade et son temps, études relatives à l’histoire de la civilisation et des moeurs du xviiie siècle, paru en 1901, alors qu’il aborde les horreurs de la Terreur, y compris les fantasmatiques tanneries de peaux humaines de Meudon, Duehren écrit en note : « Pour la rareté du fait, je remarque qu’il existe à Paris un exemplaire de La Philosophie dans le boudoir, édition de Londres 1795. 2 vols, relié en peau humaine, rel. signée Lortic. »À propos de la seconde mention, nous pouvons parler d’une apparition. Si l’on en croit son auteur, un certain J. G. Bord, le témoignage est direct. Collaborateur régulier de L’Intermédiaire des chercheurs et curieux, publication spécialisée, relative à la collection et, entre autres, à la bibliophilie et au marché du livre, Bord écrit dans le numéro du 20 juillet 1910 de cette revue : J’ai vu il y a quelques jours, chez un libraire de la rue de Seine, un exemplaire de La Philosophie dans le boudoir, du comte de Sade, relié en peau humaine, s’il faut ajouter foi à la mention du relieur Lortic, imprimée dans la garde du volume ; le libraire prétend même pouvoir établir que c’est de la peau de femme non teinte ; et pouvoir indiquer le nom de la femme. Cette peau, couleur cakis, ressemble singulièrement à de la peau de porc. Très bref une fois encore, mais de première main, le témoignage de Bord est tout à fait remarquable. Il fait état de la présence d’une étiquette « imprimée » (i.e. frappée) au premier contreplat de la reliure, affirmant que la peau employée est d’origine humaine. Ensuite, la reliure est à nouveau attribuée à l’atelier Lortic. Quant au fait que le libraire lui ait affirmé qu’il s’agit d’une peau de femme non teinte et qu’il pourrait livrer le nom de « la donatrice », Bord ne nous en dit pas plus, par pudeur ou par discrétion, ou parce que le libraire, finalement, ne voulut pas en dire davantage… Après ces deux mentions faites respectivement en 1901 et 1910 par Duehren et Bord, notre exemplaire de La Philosophie n’a jamais plus fait l’objet ni du moindre témoignage direct ni d’aucune apparition officielle sur le marché.En conclusion, d’après ce que nous savons, le nombre de reliures réputées avoir été façonnées en peau humaine se réduit à une centaine de pièces. Sans être très courantes sur le marché, il arrive cependant que celui-ci en propose une de temps à autre.Parmi celles-ci, notre Philosophie dans le boudoir constitue incontestablement l’un des spécimens les plus extraordinaires qui se puissent trouver. Extraits de la fiche établie par Stéphan Auriou, Librairie La Blanche Caroline. Fiche détaillée sur demande.
Frais de vente :
L’adjudicataire devra acquitter, en sus du montant de l’enchère, par lot, les frais et taxes suivants :
23 % HT (+ 3%HT frais LIVE), soit 27,60 % TTC (TVA 20%) ou 31,20 % TTC (LIVE), sauf pour les livres 24,26 % TTC (TVA 5,5%) et 27,43% (LIVE)
12% HT pour les chevaux.
- 5,5 % de frais additionnels au titre de la taxe à l’importation temporaire, pour les lots dont le numéro est précédé d’un astérisque.
Le paiement devra être effectué immédiatement après la vente :
- en espèces (euros) jusqu’à 1 000 € pour les ressortissants français ou jusqu’à 15 000 € pour les ressortissants étrangers (sur présentation d’un justificatif de domicile, avis d’imposition, etc. en plus du passeport).
- par chèque bancaire (en euros) à l’ordre de MARIE-SAINT GERMAIN SAS, avec présentation obligatoire d’une pièce d’identité en cours de validité. Les chèques étrangers ne sont pas acceptés.
- par carte bancaire (Visa, Mastercard, Amex).
- par virement bancaire en euros à l’ordre de MARIE-SAINT GERMAIN SAS
Alexandre DUPOUY
Consultant
58, rue Amelot 75011 PARIS
Tél. 06 09 81 65 57
alexandupouy@gmail.com
MARIE-SAINT GERMAIN
Commissaire-priseur
253, rue Saint-Honoré 75001 PARIS
Tél. 06 62 17 50 41
elsa@msg-encheres.com
Pour tout renseignement, veuillez contacter Elsa Marie-Saint Germain au : 01 40 26 88 00 - elsa@msg-encheres.com
Vollständige AGBs